Pâques comme expérience de formation à la foi dans nos écoles jésuites

La spiritualité ignacienne est le socle de l’éducation jésuite. Ainsi, elle est réellement un service que la Compagnie de Jésus rend à l’Eglise et au monde entier. Cette éducation jésuite est calquée sur le modèle des exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Son secret réside dans ce qu’elle vise à former d’abord l’ « humain ».  C’est-à-dire, former l’homme pour et avec les autres, l’homme mû par l’amour du prochain, plus enclins à donner qu’à recevoir, disposé à servir qu’à être servi. A propos, le secrétaire de l’éducation secondaire et Présecondaire de la Compagnie de Jésus, José Alberto Mesa Sj, le remarque si bien, lorsqu’il affirme que « l’éducation jésuite vise non seulement à préparer l’apprenant doué mais surtout un être humain en qui toutes les dimensions de la vie sont incorporées : le corps, l’esprit, l’âme et le cœur. Bien plus, l’éducation jésuite vise le dépassement dont nous est présenté le professionnalisme actuel par une éducation dans laquelle les apprenants sont juste préparés à « réussir sur le marché. » Ceci montre à juste titre le souci de l’éducation jésuite d’aller au-delà de la formation intellectuelle pour viser une formation intégrale de l’homme.

Fort de cela, la dimension spirituelle  dans les écoles jésuites occupe une place importante.  En effet, les écoles jésuites rejoignent les aspirations du concile Vatican II dans un de ses documents intitulé Gravissum educationis qui estime que la  mission confiée par ce même concile à une école catholique est de « préparer les élèves à travailler à l’extension du Royaume de Dieu et à faire d’eux un ferment de salut pour l’humanité ». Pour matérialiser cette mission, les collèges jésuites mettent un accent particulier sur la vie spirituelle de leurs apprenants, les aidant ainsi à entretenir une relation intime et personnelle avec Dieu, au travers des retraites et l’initiation à la prière, et autres dévotions, afin qu’ils parviennent à un amour vrai, à aimer profondément notre Seigneur Jésus-Christ et le suivre de plus près, malgré les sollicitations et les vicissitudes de la société ambiante, caractérisée par l’égocentrisme, le consumérisme et bien d’autres maux.

Par ailleurs, comme l’on ne peut pas parler du dimanche de pâques sans évoquer le vendredi saint, nous ne pouvons pas non plus parler de pâques sans faire allusion au temps de carême, comme phase de préparation pour la  pâques.  En effet, pour se configurer au Christ pauvre et compatissant, les collégiennes et collégiens des écoles jésuites en général, et en particulier du collège Boboto se sont sacrifiés pour partager avec les nécessiteux, les oubliés de la société, les laisser-pour-comptes, le peu qu’ils ont. Au-delà de la sollicitude aux plus démunis à travers l’aide matérielle, la communauté du collège Boboto par exemple a davantage soigné sa vie spirituelle au travers des moments des prières organisés par différentes salles de classe, le partage d’évangile, les exhortations du Père Recteur et des professeurs de religion sur certaines pratiques de carême pendant leurs leçons. A travers cet exercice de méditation, nos élèves apprennent à être en présence du Seigneur, à le contempler, à communier avec l’humanité souffrante. Ainsi, ils découvrent que le vrai bonheur ne se trouve pas dans les possessions matérielles, mais plutôt dans celles de l’âme et de l’esprit. Ceci est donc une vraie réponse aux souffrances de notre société malade de son orgueil, de son avidité insatiable. Et c’est de cette manière que le collège a préparé la montée vers  pâques.

Ainsi donc, l’expérience de la pâque ravive notre espérance dans cette société marquée de divisons, des injustices, des inégalités, des opprobres, et de l’indifférence. A travers la fête de pâques, le ressuscité nous montre que sorti du tombeau, il vient nous tracer un chemin de vie, un chemin d’amour. Il nous montre qu’une autre vie est possible, qu’un lendemain meilleur est réalisable. Les collèges jésuites en général et le collège Boboto en particulier, fait sien, cette pensée du père Général de la Compagnie de Jésus, Arturo Sosa SJ : «    Le Crucifié-Ressuscité nous offre de retrouver l’Espérance nécessaire pour profiter de cette occasion de promouvoir la transformation radicale dont notre monde a besoin. C’est-à-dire d’avancer dans la réconciliation avec l’environnement, avec les autres et avec Dieu. L’espérance est le don de la Pâque du Seigneur. La célébrer, c’est accepter ce don et mettre la main à la pâte pour transformer le monde. Rejoignons ce courant humain qui le cherche. Le Seigneur nous accompagne avec son Esprit ». Qu’il plaise à Dieu notre Père, de nous accorder la grâce de la joie que communique le ressuscité, afin que nous devenions des grains d’encens qui brûlent et rependent de la bonne odeur.